Rolls Royce Dakar 1981 rallye préparation- collector

Rolls Paris Dakar 1981 Paris Dakar 1981, la Rolls Royce de Thierry de Montcorgé sur motor-lifestyle.com

Rolls Royce Paris- Dakar 1981. Noël est pour certains l’occasion de recevoir le dernier rasoir à trois têtes, la dernière console de jeu et de passer quelques heures à construire le jouet du petit dernier d’après une notice imprimé en Chine (c’est bien du Chinois !…). Chez Motor Lifestyle, nous vous offrons du rêve en flacon. Oui, pour nous les « Jules », rien ne peut nous combler autant que ce parfum Dior introuvable en rayon. Un parfum d’antan qui sent la vieille auto de collection dans son flacon luxe en forme de Rolls, l’unique Rolls 4×4, la star du Paris Dakar de 1981…

 Rolls Royce Paris Dakar 1981

Rolls Paris dakar015On a eut la chance de ne pas provoquer un carambolage sur l’autoroute avec notre équipage. Pensez donc, un gros Toyota attelé d’une remorque surmonté d’une Rolls blanche couverte de stickers du Dakar. Impossible de passer inaperçu, les têtes se tournent plus vite que sur une jolie fille en panne sur la bande d’arrêt d’urgence… On ne pouvait lui offrir que le plus beau et le plus secret de nos terrains d’essais sablonneux à quelques encablures de Paris.Pour notre équipe aussi c’est l’émotion et le respect face à cette mécanique extravagante devenu légende. Un engin artisanal issu d’une idée folle comme on en verra plus sur les pistes des Rallyes Raid, réglementation oblige. 25 ans après, nous allions pour la première fois prendre le volant de la Rolls « Jules » du Dakar de 1981. Celle de Thierry de Montcorgé reconditionnée comme à son heure de gloire par un homme ayant participé à sa conception ; Michel Mockrycki.

Rolls Paris dakar009Toutes les conditions d’un essai idéal sont réunies. Le soleil en personne est de la partie. La Rolls « Jules » rayonne sur le sable, étincelante de toutes les ailettes chromées de sa calandre faite à la main. C’est le grand moment…S’asseoir dans les vieux baquets tissus et skaï digne d’une monoplace des années 70, face à ce tableau de bord en vrai bois de loupe (du massif, pas du faux !) et son compteur Smith aux deux « R » entrelacés. Enclencher le coupe circuit, tourner la clé, les premiers frémissement du moteur, pomper subtilement du pied droit sans engorger le gros V8, laisser chauffer, presque mijoter, délicatement, comme un bon plat qu’il faut attendre malgré des effluves appétissantes.

Rolls Paris dakar037Ça ne sent pas le cassoulet ! Ça sent l’huile, l’essence, le polyester, le caoutchouc comme dans toute voiture ancienne. Il faut avoir le «nez » du passionné pour apprécier. Assis très bas on aperçoit au bout de l’impressionnant capot la « Flying lady » (crée par Charles Sykes en 1910, figurant silence et vitesse)  personnifiant le luxe par excellence. On se laisse aller à imaginer que ce devait être pratique sur le Dakar pour garder un cap ! Bon, le moteur est à température, trêve de rêveries, on est ici sur notre terrain de tortures favoris pour 4×4 et sans être irrévérencieux vis-à-vis de cette noble monture, il va être facile de voir si cette Rolls de légende qui nous a tous fait rêver était juste un coup de pub réussit ou si il y avait vraiment de quoi s’amuser dans le désert et les dunes.

Rolls Paris dakar038D’évidence, le 5.7 L V8 a de beaux restes. Avec plus de 300 Ch, dans les tours, une fois le second rapport de boite engagé, la « Jules » surprend par sa vivacité. Passé l’émotion procurée par le fait de piloter cette Rolls unique, on s’étonne à vite s’amuser dans le sable de ce train arrière facile à mettre en dérive. Contre braquage, la « Flying Lady »  prend de l’angle, mais le contrôle reste aisé, l’empattement long d’un châssis de BJ 45 fait merveille. Les lames de ressorts et des amortisseurs Koni (montés à l’époque) rendent parfaitement exploitable ce moteur de « Muscle car » à l’américaine. Si les freins à tambours hérités du Toy devaient vite s’avérer peu  endurant sur les longues spéciales du Dakar, ils nous ont semblé tout à fait à la hauteur lors de notre essai de Noël. Cette Rolls « Jules » n’est pas simplement un objet publicitaire, on en est désormais convaincu et ses deux créateurs nous pardonnerons certainement, non pas d’avoir douté de leurs talents, mais d’avoir simplement le défaut d’aimer cette époque du Rallye Raid et d’avoir trouvé un alibi pour le plaisir de rappeler aux plus jeunes de nos lecteurs qui n’ont pas connus cette époque qu’il y a 25 ans le Dakar c’était déjà une  aventure…de fou !

Flashback et légende…

Rolls Paris dakar040C’était au cours d’un repas de copain fin Août 1980 qu’un certain Thierry de Montcorgé, Christophe Pelletier (NPO) et Jean-François Dunac (Auto-Moto) ont l’idée d’une Rolls pour le Dakar… Fantastique idée qui conviendra immédiatement à un sponsor qui donna son accord au projet en deux jours; La maison Dior. En effet la célèbre marque vient de parier sur une première ligne de produits (parfum en tête) pour homme, et quoi de mieux que l’aventure en Rolls sur un Dakar (déjà très tendance) pour symboliser le luxe au masculin. Il reste à peine quelques mois avant le départ du 3éme Dakar. Thierry de Montcorgé fait immédiatement appel à son complice, mécanicien hors pair et préparateur de moteur V8 ; Michel Mockrycki. Ils décident ensemble du concept mécanique à appliquer à la Rolls qui sera 4×4. Ce sera  le début de 4 mois de folie.

Rolls Paris dakar039Thierry, plasturgiste de métier, achète une Rolls Corniche (Silver Shadow pour les puristes) à bon prix afin de démonter la carrosserie, fabriquer les moules et former le polyester. Pendant que ça sèche, Michel et Thierry courent ensemble une multitude de casses auto le mètre à la main afin de trouver le 4×4 dont l’empattement correspondrait à celui de la Rolls. Au centimètre prêt celui d’un gros Toyota BJ 45 équipé satisfait à leur besoin. Michel s’attaque au démontage en règle du Japonais  dont il ne conserve que le châssis échelle, les suspensions à lames, les ponts, les freins à tambours, la boite de vitesse et la boite de transfert. Tout le reste sera Rolls…Moteur compris. Le temps passe, le Dakar approche à grands pas, Michel et Thierry dormirons quelques semaines dans l’atelier au chevet de ce qui est devenu un incroyable pari. Une fois l’arceau maison soudé au châssis, la carrosserie fixé et peinte, le premier essai roulant se solde par la casse du moteur Rolls Royce ! Pas de panique, une seule solution. Nos deux compères filent vers les Etats-Unis ou Michel (grand maître du V8, et recordman de vitesse à Goodwood) à ses adresses en Californie. Ils y font des rencontres…et surtout des emplettes. Ils rentrent rapidement avec un supplément de bagages important (Le passage en douane fut épique !) ; Un bloc 5.7 L V8 CID (350 Cubic inches) de Chevrolet Corvette, le vilebrequin et l’arbre à cames qui vont bien, un allumage de bateaux, un carburateur Holley quadricorps et une cloche d’embrayage adaptable (V8/boite Toy) et une direction assisté GM.

Rolls Paris dakar041Les vérifications du Dakar débutent demain à 6 heures du matin. La veille à 22 heures la Rolls « Jules » tourne pour la première fois dans sa version définitive. Elle est prête pour ce 3éme Dakar offrant 330 Ch à 5500 Tr/mn et un couple de 54 M/kg à 3000 Tr/mn dans les dunes ou Thierry de Montcorgé et Christophe Pelletier son co pilote se feront vraiment plaisir face aux CX 2400 Gti (Ickx-Brasseur), Lada (Briavoine- Deliaire), Buggies Sunhill  (Cotel), Renault R30 et R20 (frères Marreau), Range Rover, Toyota BJ et Pinzgrauer. Si les vainqueurs autos de cette 3éme éditions du Dakar qui traversait l’Algérie, Mali, Haute Volta et Cote d’Ivoire sur 10.000 Km se nomment René Metge et Bernard Giroux sur Range Rover, la reine des médias fut bien la Rolls « Jules ». Avec plus de 1600 articles dans les magazines du monde entier sans compter 140 passages télés et radios, elle sera la star du Trocadéro au lac rose avec du suspense chaque soir au bivouac lors d’un créneau radio orchestré à Paris par Dior qui gère l’événement « Jules » au mieux. Michel Mockrycki sourit encore en pensant à cette débauche de moyens médiatiques pour l’époque, alors qu’entre son Toyota d’assistance navigué aux étoiles et au soleil par Gérard Fleury (hé oui, c’était ça le Dakar!) et la Rolls, ils n’avaient même pas la CB pour communiquer…

Rolls Paris dakar035L’aventure de la fantastique « Jules » faillit pourtant tourner court lorsqu’ une fusée du train avant se brise sur l’étape Niono- Bobo Dioulasso. Arrivé hors temps au bivouac, Thierry, Christophe, Michel et Gérard, respectueux du règlement pensent l’aventure finie. C’était sans compter sur le sens du spectacle que maîtrisait parfaitement Thierry Sabine. Allez, vous n’êtes pas en tête du classement, ça ne changera rien au coté sportif du Dakar…The show must go on ! Et notre Rolls réparée reprendra vaillamment la piste jusqu’au lac rose ou d’autres séances de pose sur la plage l’attendaient. C’est ça une star, c’est ça la légende du Dakar !

La gracieuse petite déesse ornant la calandre aussi baptisée « Spirit of Ecstasy » porte bien son surnom. Nous en avons été victimes avec délice…

Moteur : V8 Chevrolet de 5750 cm3. (Corvette)
Alimentation : Carburateur Holley 4 corps.
Puissance : 330 Ch à 5500 Tr/mn.
Allumage : Type Bateaux Off Shores.
Réservoir : 400L.
Direction : assistée d’origine GM
Boite de vitesse : Toyota 4 rapports.
Boite de transfert : Toyota 2 rapports.
Ponts : Toyota BJ 45.
Châssis : Type échelle Toyota.
Suspensions : A lames et amortisseurs Koni.
Carrosserie : Fibre de verre en une seule partie.
Ouvrants : Portes et capot en aluminium Rolls Royce.

L’autre véhicule fou de Thierry De Montcorgé: Jules II le pick up 6×4, F1 du Désert